PMA, FIV, résultat

Une prise de sang douze jours après le transfert doit annoncer le verdict. Mais Camille n’est pas novice en début de grossesse, elle pressent que ça n’a pas marché. Elle est quasiment certaine de l’échec.

Attention, elle ne doit surtout pas le dire. Si elle n’y croit pas, elle va faire fuir ses embryons. Bien, alors elle résume. Pour être enceinte, il faut arrêter d’y penser, mais quand on n’y croit pas, ça ne peut pas marcher. Alors elle fait comment, elle, entre tu y penses trop et tu n’y crois pas assez ? Bullshit !

Au bout de dix jours, elle urine sans conviction sur une bandelette américaine hypersensible. La première ligne s’imprègne progressivement de violet jusqu’à dessiner un trait épais. La seconde ne veut pas apparaître.

Toujours rien après cinq minutes.

Rien en transparence devant la fenêtre.

Rien en transparence devant une ampoule 60 W.

Rien en transparence devant une ampoule 100 W.

Rien à travers une loupe de fortune, le cul d’un flacon de parfum. Pas la moindre trace de pigment. La prochaine fois, elle rapportera la loupe de son travail.

Elle connaît ces tests. Elle se connaît. Quelques jours plus tard, la prise de sang certifie cet échec. Camille se raidit en lisant le résultat. Elle le savait mais ce n’était pas officiel. Elle pouvait se tromper. Surtout elle se croyait blindée. Mais son blindage a volé en éclats. Elle n’a plus qu’à ramasser des petits morceaux d’elle-même éparpillés partout.

Quand le but est atteint rapidement et que la quadrature du cercle de famille s’agrandit, la PMA s’apparente sûrement à une aide miraculeuse. Lorsque les tentatives infructueuses s’enchaînent, cela devient une machine à déchiqueter les couples. Dans quelle catégorie vont-ils se retrouver ?

(à suivre)